Existe-t-il plus beau spectacle que le soleil ? Je le regarde souvent se lever, car mon sommeil agité s’interrompt généralement avant l’aube.

Chaque fois que je vois sa lumière jaune et tranquille poindre au-dessus de l’horizon, je sens ma résolution et mon espoir se revigorer légèrement. D’une certaine façon, c’est ce qui m’a poussé à continuer pendant tout ce temps.

 

37

 

Kelsier, espèce de maudit cinglé, songea Dockson, griffonnant des notes sur la carte déployée sur la table, pourquoi faut-il toujours que tu t’en ailles l’air de rien en me laissant nettoyer tes dégâts ? Mais il savait que sa frustration n’était pas réelle – ce n’était qu’une façon de détourner son attention de la mort de Kelsier. Et ça fonctionnait.

La partie du plan qui revenait à Kelsier – la vision, le rôle du chef charismatique – était terminée. C’était le tour de Dockson à présent. Il s’emparait de la stratégie originale de Kelsier pour la modifier. Il prit soin de maintenir le chaos à un niveau gérable, rationnant le meilleur matériel pour le donner aux hommes qui paraissaient les plus stables. Il envoya des contingents s’emparer des points stratégiques – les dépôts de nourriture et d’eau – avant que les émeutiers puissent les voler.

En bref, il fit ce qu’il avait toujours fait il donna une existence concrète aux rêves de Kelsier.

Lorsqu’il entendit du tapage à l’avant de la pièce, Dockson leva les yeux pour voir un messager entrer précipitamment. L’homme alla aussitôt trouver Dockson au cœur de l’entrepôt.

— Quoi de neuf ? demanda Dockson tandis que l’homme approchait.

Le messager secoua la tête. C’était un jeune homme en uniforme impérial, même s’il avait retiré la veste pour se donner un air moins intimidant.

— Je suis désolé, milord, dit l’homme. Aucun des gardes ne l’a vue ressortir, et… eh bien, l’un d’entre eux dit l’avoir vue se faire transporter vers les cachots du palais.

— Vous pouvez la faire sortir ? demanda Dockson.

Le soldat – Goradel – pâlit. Jusqu’à tout récemment, c’était l’un des hommes du Seigneur Maître. Dockson ne savait même pas vraiment dans quelle mesure il se fiait à lui. Pourtant, le soldat – en tant qu’ancien garde du palais pouvait pénétrer dans des endroits auxquels les autres skaa n’avaient pas accès. Ses anciens alliés ne savaient pas qu’il avait changé de camp.

À supposer qu’il l’ait réellement fait, se dit Dockson. Mais… eh bien, les choses progressaient trop vite à présent pour laisser de place au doute. Dockson avait décidé d’utiliser cet homme. Il allait devoir se fier à son instinct d’origine.

— Alors ? répéta Dockson.

Goradel fit signe que non.

— Un Inquisiteur la gardait prisonnière, milord. Je n’ai pas pu la libérer – je n’en aurais pas eu l’autorité. Je ne… Je…

Dockson soupira. Petite idiote ! se dit-il. Elle aurait dû avoir un peu plus de bon sens. Kelsier a dû déteindre sur elle.

Il fit signe au soldat de s’éloigner, puis leva les yeux tandis que Hammond entrait, une grande épée à la poignée brisée reposant sur l’épaule.

— C’est fait, déclara Ham. Le Bastion Elariel vient de tomber. Mais on dirait que Lekal résiste.

Dockson hocha la tête.

— On va avoir besoin de tes hommes au palais dans peu de temps.

Plus tôt on y pénétrera, plus on aura de chances de sauver Vin. Toutefois, son instinct lui dictait qu’ils arriveraient trop tard pour la sauver. Les forces principales prendraient des heures à rassembler et à organiser ; il voulait attaquer le palais avec toutes leurs armées simultanément. En réalité, il ne pouvait tout simplement pas se permettre actuellement de prêter des hommes pour une opération de sauvetage. Kelsier serait sans doute parti la chercher, mais Dockson ne voulait pas s’autoriser une initiative aussi effrontée.

Comme il le répétait toujours – il fallait bien que quelqu’un, dans la bande, soit réaliste. Le palais n’était pas un endroit à attaquer sans de sérieux préparatifs ; l’échec de Vin l’avait prouvé. Elle allait devoir s’occuper d’elle-même pour le moment.

— Je vais préparer mes hommes, dit Ham en hochant la tête tout en jetant son épée sur le côté. Mais je vais avoir besoin d’une nouvelle épée.

Dockson soupira.

— Ah, ces Cogneurs. Toujours en train de tout casser. Va voir ce que tu trouves, dans ce cas.

Ham s’éloigna.

— Si tu vois Sazed, lui lança Dockson, dis-lui que…

Dockson s’interrompit, l’attention retenue par un groupe de rebelles skaa qui entra dans la pièce, traînant un prisonnier ligoté avec un sac de toile sur la tête.

— Que se passe-t-il ? demanda Dockson.

L’un des rebelles donna un coup de coude à son captif.

— Je crois que c’est quelqu’un d’important, milord. Il est venu vers nous sans armes et nous a demandé de nous conduire à vous. Il nous a promis de l’or en récompense.

Dockson haussa un sourcil. Le soldat retira le capuchon, dévoilant Elend Venture.

Dockson cligna des yeux, surpris.

— Vous ?

Elend regarda autour de lui. Il était manifestement inquiet, mais se tenait plutôt fièrement, tout compte fait.

— Nous sommes-nous déjà rencontrés ?

— Pas exactement, répondit Dockson.

La barbe. Je n’ai pas de temps à consacrer à des prisonniers pour l’instant. Mais tout de même, le fils des Venture… Dockson allait avoir besoin d’un moyen de pression sur les nobles les plus puissants une fois les combats terminés.

— Je viens vous offrir une trêve, déclara Elend Venture.

— … pardon ? demanda Dockson.

— La Maison Venture ne vous résistera pas, répondit Elend. Et je peux sans doute convaincre les autres nobles d’écouter eux aussi. Ils ont peur – inutile de les massacrer.

Dockson ricana.

— Je ne peux pas franchement laisser des forces armées hostiles dans la ville.

— Si vous détruisez la noblesse, vous ne pourrez pas tenir très longtemps, répondit Elend. Nous contrôlons l’économie – l’empire va s’effondrer sans nous.

— C’est plus ou moins le but de la manœuvre, dit Dockson. Écoutez, je n’ai pas le temps…

— Il faut que vous m’écoutiez jusqu’au bout, insista Elend Venture, désespéré. Si vous commencez votre rébellion dans le chaos et les bains de sang, vous allez perdre. J’ai étudié ces choses-là ; je sais de quoi je parle ! Quand l’élan de votre conflit initial va s’épuiser, les gens commenceront à chercher d’autres choses à détruire. Ils se retourneront les uns contre les autres. Vous devez garder le contrôle de vos armées.

Dockson hésita. Elend Venture était censé être un idiot doublé d’un dandy, mais pour l’heure il paraissait simplement… plein de conviction.

— Je vais vous aider, dit Elend. Laissez les bastions des nobles tranquilles et concentrez vos efforts sur le Ministère et le Seigneur Maître – ce sont eux vos véritables ennemis.

— Écoutez, répondit Dockson, je vais retirer nos armées du Bastion Venture. Il n’est sans doute plus nécessaire de les combattre maintenant que…

— J’ai envoyé mes soldats au Bastion Lekal, déclara Elend. Retirez vos hommes de tous les bastions des nobles. Ils ne vont pas vous attaquer – simplement se terrer dans leurs manoirs et se ronger les sangs.

Il doit avoir raison sur ce point

— Nous allons y réfléchir…

Dockson laissa sa phrase en suspens lorsqu’il remarqua qu’Elend ne lui prêtait plus la moindre attention. Sacrément difficile de discuter avec ce bonhomme-là.

Elend regardait fixement Hammond, qui revenait à l’instant avec une épée neuve. Elend fronça les sourcils, puis ouvrit de grands yeux.

— Je vous connais ! C’est vous qui avez sauvé les serviteurs de lord Renoux de l’exécution !

Elend se retourna vers Dockson avec un enthousiasme soudain.

— Alors vous connaissez Valette ? Elle vous dira de m’écouter, elle.

Dockson échangea un coup d’œil avec Ham.

— Quoi ? demanda Elend.

— Vin…, répondit Dockson. Valette… Elle s’est rendue au palais il y a quelques heures. Je suis désolé, jeune homme. Elle doit se trouver dans les cachots du Seigneur Maître en ce moment même – à supposer qu’elle soit encore en vie.

 

Kar jeta Vin dans sa cellule. Elle heurta violemment le sol où elle roula, et sa tête alla heurter le mur du fond tandis que son ample chemise se tortillait autour d’elle.

L’Inquisiteur claqua la porte en souriant.

— Merci beaucoup, dit-il à travers les barreaux. Vous venez de nous aider à accomplir quelque chose qui a mis longtemps à aboutir.

Vin lui lança un regard noir, à présent que les effets de l’Apaisement du Seigneur Maître faiblissaient.

— Quel dommage que Bendal ne soit pas là, déclara Kar. Il a pourchassé votre frère pendant des années en jurant que Tevidian avait engendré un bâtard skaa. Pauvre Bendal… Si seulement le Seigneur Maître nous avait laissé le Survivant pour que nous puissions nous venger.

Il se tourna vers elle en secouant sa tête aux yeux d’acier.

— Enfin. Il a été vengé. Nous autres, nous croyions votre frère, mais Bendal… même alors, il n’était pas convaincu, et il a fini par vous trouver.

— Mon frère ? demanda Vin en se relevant péniblement. Il m’a vendue ?

— Vendue ? répéta Kar. Il est mort en nous jurant que vous étiez morte de faim des années auparavant ! Il l’a hurlé jour et nuit entre les mains des bourreaux du Ministère. C’est très difficile de résister à la douleur des tortures des Inquisiteurs… comme vous allez bientôt le découvrir. (Il sourit.) Mais d’abord, laissez-moi vous montrer quelque chose.

Un groupe de gardes traîna une silhouette nue et ligotée dans la pièce. Couvert de sang et d’ecchymoses, l’homme trébucha sur le sol de pierre lorsqu’ils le poussèrent dans la cellule voisine de celle de Vin.

— Sazed ? s’écria-t-elle en se précipitant vers les barreaux.

Le Terrisien reposait sur le sol, sonné, tandis que les soldats lui attachaient pieds et mains à un petit anneau de métal incrusté dans le sol de pierre. On l’avait battu si sérieusement qu’il paraissait à peine conscient, et il était entièrement nu. Vin se détourna de sa nudité, mais pas avant d’avoir entrevu l’emplacement situé entre ses jambes – une cicatrice simple et vide là où aurait dû se trouver sa virilité.

Tous les intendants terrisiens sont des eunuques, lui avait-il dit. Cette plaie-là n’était pas nouvelle – mais les ecchymoses, coupures et éraflures l’étaient en revanche.

— Nous l’avons découvert en train d’essayer de se faufiler dans le palais à votre recherche, déclara Kar. Apparemment, il craignait pour votre sécurité.

— Qu’est-ce que vous lui avez fait ? demanda-t-elle tout bas.

— Oh, très peu de chose… pour l’instant, répondit Kar. Vous devez vous demander pourquoi je vous ai parlé de votre frère. Vous me trouvez peut-être idiot d’avoir avoué que son esprit avait lâché avant que nous lui soutirions son secret. Mais voyez-vous, je ne suis pas assez idiot pour refuser de reconnaître une erreur. Nous aurions dû prolonger la torture de votre frère… le faire souffrir plus longtemps. C’était là une grande erreur.

Il sourit d’un air mauvais tout en désignant Sazed.

— Nous n’allons pas reproduire cette erreur, fillette. Non, cette fois nous allons tenter une tactique différente. Nous allons vous forcer à nous regarder torturer le Terrisien. Nous allons nous montrer extrêmement prudents, nous assurer que ses souffrances soient durables, et très intenses. Quand vous nous direz ce que nous souhaitons savoir, nous arrêterons.

Vin frissonna, horrifiée.

— Non… Je vous en prie.

— Oh si, répondit Kar. Pourquoi ne pas prendre le temps de réfléchir à ce que nous allons lui faire ? Le Seigneur Maître a réclamé ma présence – je dois aller recevoir la direction officielle du Ministère. Nous commencerons à notre retour.

Il se détourna, balayant le sol de sa robe noire. Les gardes le suivirent, sans doute pour prendre position dans la salle des gardes, de l’autre côté de la porte.

— Oh, Sazed, dit Vin en se laissant tomber à genoux près des barreaux de sa cage.

— Eh bien, Maîtresse, répondit-il d’une voix étonnamment lucide. Que nous avions-vous dit sur le fait de vous promener en sous-vêtements ? Si Maître Dockson était là, il vous gronderait certainement.

Vin leva les yeux, stupéfaite. Sazed lui souriait.

— Sazed, dit-elle tout bas avec un coup d’œil dans la direction qu’avaient empruntée les gardes. Vous êtes réveillé !

— Tout à fait réveillé, dit-il.

Sa voix calme et forte contrastait avec son corps couvert d’ecchymoses.

— Je suis désolée, Sazed, dit-elle. Pourquoi m’avoir suivie ? Vous auriez dû rester en arrière et me laisser faire mes bêtises toute seule !

Il tourna vers elle son visage tuméfié, dont un œil était enflé mais dont l’autre la regardait bien droit.

— Maîtresse, dit-il gravement, j’ai juré à Maître Kelsier de m’assurer de votre sécurité. Un Terrisien ne prête jamais serment à la légère.

— Mais… vous deviez bien savoir qu’on allait vous capturer, dit-elle en baissant les yeux, honteuse.

— Bien sûr que je le savais, Maîtresse, répondit-il. Autrement, comment aurais-je pu les pousser à me conduire jusqu’à vous ?

Vin leva les yeux.

— Vous conduire… jusqu’à moi ?

— Oui, Maîtresse. Il y a un point commun entre le Ministère et mon peuple, je crois. Tous deux sous-estiment ce que nous pouvons accomplir.

Il ferma les yeux. Puis son corps se transforma. Il parut… se dégonfler, et ses muscles s’amaigrir et s’affaiblir tandis que la chair pendait de ses os.

— Sazed ! s’écria Vin en se pressant contre les barreaux pour tenter de l’atteindre.

— Ne vous en faites pas, Maîtresse, répondit-il d’une voix à la faiblesse effrayante. J’ai seulement besoin d’un moment pour… reprendre mes forces.

Reprendre mes forces. Vin baissa la main et observa Sazed quelques minutes. Se pourrait-il…

Il paraissait si faible. Comme si l’on avait aspiré sa force, ses muscles même. Pour être… mis en réserve quelque part ?

Les yeux de Sazed s’ouvrirent brusquement. Son corps retrouva son aspect normal ; puis ses muscles continuèrent à se développer, à gagner en force et en épaisseur, jusqu’à éclipser même ceux de Ham.

Sazed lui sourit, sa tête reposant sur un cou robuste et musclé ; ensuite, il brisa facilement ses liens. Il se leva, silhouette massive à la musculature inhumaine – si différente de l’érudit maigre et discret qu’elle connaissait.

Le Seigneur Maître parlait de leur force dans son journal, songea-t-elle, émerveillée. Il disait que ce Rashek pouvait soulever un rocher à lui tout seul et le jeter hors de leur chemin.

— Mais ils vous ont pris tous vos bijoux ! dit Vin. Où avez-vous caché le métal ?

Sazed sourit tout en agrippant les barreaux qui séparaient leurs cages.

— J’ai suivi votre exemple, Maîtresse. Je l’ai avalé.

Sur ce, il arracha les barreaux.

Elle se précipita dans sa cage pour l’étreindre.

— Merci.

— Je vous en prie, répondit-il en la poussant doucement sur le côté, puis en abattant une paume massive contre la porte de sa cellule, brisant la serrure et ouvrant brusquement la porte.

— Faites vite, maintenant, Maîtresse, dit Sazed. Nous devons vous conduire en lieu sûr.

Les deux gardes qui l’avaient jeté dans la pièce apparurent sur le pas de la porte l’instant d’après. Ils s’immobilisèrent, regardant fixement la bête immense qui se tenait à la place de l’homme faible qu’ils avaient battu.

Sazed se précipita, tenant un des barreaux de la cage de Vin. Toutefois, sa ferrochimie ne lui avait accordé que la force, pas la vitesse. Il s’avança d’un pas lourd et les gardes s’enfuirent, appelant à l’aide.

— Venez, Maîtresse, dit Sazed en jetant le barreau. Ma force ne va pas durer longtemps – la quantité de métal que j’ai avalée n’était pas assez importante pour contenir une grande charge ferrochimique.

Tout en parlant, il se mit à rétrécir. Vin le dépassa et quitta la pièce d’un pas incertain. La salle des gardes située de l’autre côté était petite, uniquement meublée de deux chaises. Mais sous l’une d’entre elles, elle trouva une cape enroulée autour du repas du soir de l’un des gardes. Elle secoua la cape pour la dégager et la jeta à Sazed.

— Merci, Maîtresse, répondit-il.

Elle hocha la tête, se dirigea vers la porte et jeta un coup d’œil. La pièce plus grande située à l’extérieur était vide, et deux couloirs en partaient – l’un pour aller tout droit, l’autre s’étirant au loin en face de Vin. Le long du mur situé sur sa gauche s’alignaient des malles de bois, et une grande table occupait le cœur de la pièce. Vin frissonna en voyant le sang séché et les instruments acérés alignés sur le côté de la table.

C’est là qu’on va finir tous les deux si on ne se dépêche pas, se dit-elle en faisant signe à Sazed d’avancer.

Elle se figea tandis qu’un groupe de soldats apparaissait dans le couloir du bout, mené par l’un des gardes croisés un peu plus tôt. Vin jura tout bas – elle les aurait entendus venir avec l’étain.

Vin jeta un coup d’œil en arrière. Sazed traversait la salle des gardes en clopinant. Sa force ferrochimique s’était évanouie et les soldats l’avaient manifestement battu comme plâtre avant de le jeter dans la cellule. Il arrivait à peine à marcher.

— Allez-y, Maîtresse, dit-il en lui faisant signe d’avancer. Courez !

Tu as encore des choses à apprendre sur l’amitié, Vin, chuchota la voix de Kelsier dans sa tête. J’espère qu’un jour tu les comprendras.

Je ne peux pas l’abandonner. Pas question que je le fasse.

Vin fonça vers les soldats. Elle s’empara sur la table d’une paire de couteaux de torture dont la surface d’acier luisant et poli scintillait entre ses doigts. Elle sauta sur la table, puis de là sur les soldats en approche.

Malgré l’absence d’allomancie, elle fonça néanmoins à toute allure, aidée par ses mois de pratique malgré l’absence de métaux. Tout en tombant, elle planta un couteau dans la gorge d’un soldat stupéfait. Elle heurta le sol plus rudement qu’elle ne s’y attendait, mais parvint à esquiver un autre soldat, qui jura et tenta de la frapper.

L’épée heurta la pierre derrière elle avec un bruit métallique. Vin pivota, entaillant les cuisses d’un autre soldat. Il recula en titubant de douleur.

Trop nombreux, songea-t-elle. Ils étaient une bonne vingtaine. Elle voulut bondir sur un troisième soldat, mais un autre homme agita son bâton, enfonçant son arme dans les côtes de Vin.

Elle geignit de douleur et lâcha son couteau tandis qu’elle se retrouvait projetée sur le côté. En l’absence de potin pour la fortifier, elle heurta violemment la pierre dure avec un craquement et roula jusqu’à s’arrêter près du mur, sonnée.

Elle tenta, en vain, de se lever. Près d’elle, elle aperçut à grand-peine Sazed en train de s’effondrer tandis que son corps retrouvait soudain sa faiblesse. Il tentait d’emmagasiner de nouveau de la force. Il n’aurait pas le temps. Les soldats seraient bientôt sur lui.

Au moins, j’ai essayé, se dit-elle en entendant un autre groupe de soldats se précipiter le long du couloir le plus à droite. Au moins, je ne l’ai pas abandonné. Je crois… que c’était ce que Kelsier voulait dire.

— Valette ! cria une voix familière.

Vin leva les yeux, stupéfaite, pour voir Elend et six soldats se ruer dans la pièce. Elend portait un costume de noble, un peu mal ajusté, ainsi qu’une canne de duel.

— Elend ? appela Vin, interdite.

— Tout va bien ? demanda-t-il, inquiet, en s’avançant vers elle.

Puis il remarqua les soldats du Ministère. Ils paraissaient un peu déboussolés de se voir défier par un noble, mais conservaient néanmoins l’avantage numérique.

— J’emmène la jeune fille avec moi ! déclara Elend.

Malgré la bravoure de ses paroles, il n’avait manifestement rien d’un soldat. Il ne portait qu’une canne de duel d’aristocrate en guise d’arme, et aucune armure. Cinq des hommes qui l’accompagnaient portaient le rouge des Venture – des hommes du bastion d’Elend. L’un d’entre eux, toutefois – celui qui les commandait lorsqu’ils s’étaient rués dans la pièce – portait un uniforme de garde du palais. Vin s’aperçut qu’elle le reconnaissait très vaguement. Il manquait à sa veste d’uniforme l’insigne sur l’épaule. L’homme de tout à l’heure, songea-t-elle, abasourdie. Celui que j’ai convaincu de changer de camp…

Le chef des soldats du Ministère avait apparemment pris sa décision. Avec un geste brusque, il ignora l’ordre d’Elend et les soldats commencèrent à faire le tour de la pièce pour aller entourer le groupe d’Elend.

— Valette, il faut que vous partiez ! dit Elend avec insistance en élevant sa canne de duel.

— Venez, Maîtresse, dit Sazed en arrivant à ses côtés pour l’aider à se relever.

— On ne peut pas les abandonner ! déclara Vin.

— Il le faut.

— Mais vous êtes venu me chercher. On doit faire la même chose pour Elend !

Sazed secoua la tête.

— C’était différent, jeune fille. Je savais que j’avais une chance de vous sauver. Ici, vous ne pouvez rien faire – il y a de la beauté dans la compassion, mais il faut également apprendre la sagesse.

Elle se laissa relever, tandis que les soldats d’Elend, obéissants, s’en allaient bloquer le passage des soldats du Ministère. Elend se tenait à l’avant, visiblement déterminé à se battre.

Il doit y avoir un autre moyen ! songea Vin, désespérée. Il le faut…

Puis elle la vit abandonnée au-dessus de l’une des malles longeant le mur. Une bande de tissu gris familier, ainsi qu’un unique gland, qui pendait par-dessus le bord de la malle.

Elle se dégagea de la poigne de Sazed tandis que les soldats du Ministère attaquaient. Elend poussa un cri derrière elle, et les armes s’entrechoquèrent.

Vin arracha du coffre les vêtements qui se trouvaient au-dessus – son pantalon et sa chemise. Et là, tout au fond, elle vit sa cape de brume. Elle ferma les yeux et plongea la main dans la poche latérale de la cape.

Ses doigts trouvèrent un unique flacon de verre au bouchon toujours en place.

Elle tira le flacon et se précipita en direction de la bagarre. Les soldats du Ministère s’étaient légèrement retirés. Deux de leurs membres reposaient sur le sol, blessés – mais trois des hommes d’Elend étaient à terre. Heureusement, la petite taille de la pièce avait empêché les hommes d’Elend de se laisser cerner au début.

Elend était toujours debout, en nage, une entaille au bras, sa canne de duel fendue et brisée. Il s’empara de l’épée de l’homme qu’il avait abattu, tenant l’arme avec des mains qui manquaient d’expérience, observant face à lui une puissance supérieure.

— Je me trompais sur ce point, Maîtresse, dit Sazed tout bas. Je… vous présente mes excuses.

Vin sourit. Puis elle arracha le bouchon de son flacon et lampa les métaux d’un trait.

Des puits de pouvoir explosèrent en elle. Des feux s’embrasèrent, des métaux s’attisèrent et la force regagna son corps affaibli et fatigué comme un soleil levant. Les douleurs devinrent insignifiantes, le vertige disparut, la pièce devint plus claire, les pierres plus réelles sous ses orteils.

Les soldats attaquèrent de nouveau, et Elend brandit son épée en une posture déterminée, mais sans grand espoir. Il parut totalement stupéfait lorsque Vin vola dans les airs au-dessus de sa tête.

Elle atterrit parmi les soldats, exerçant une vigoureuse Poussée d’acier. Les soldats qui l’encadraient allèrent heurter les murs. L’un des hommes agita un bâton dans sa direction, qu’elle repoussa d’une main dédaigneuse avant de lui enfoncer son poing en pleine figure, ce qui fit violemment tourner sa tête avec un craquement.

Elle rattrapa le bâton dans sa chute, pivota et le balança dans la tête du soldat qui attaquait Elend. Le bâton explosa, et elle le laissa tomber avec le cadavre. Les soldats du fond se mirent à hurler, se retournant et filant lorsqu’elle projeta d’une Poussée deux autres groupes d’hommes contre les murs. Le dernier soldat restant dans la pièce se retourna, surpris, tandis que Vin attirait son casque métallique vers ses mains. Elle le propulsa vers lui, l’enfonçant dans sa poitrine et s’appuya sur un point d’ancrage derrière elle. Le soldat alla voler le long du couloir en direction de ses compagnons en fuite et les percuta.

Muscles contractés, Vin soupira d’excitation au milieu de ces hommes gémissants. Je… comprends comment Kelsier avait développé un goût pour ces choses-là.

— Valette ? demanda Elend, abasourdi.

Vin bondit vers lui et le saisit en une étreinte joyeuse, s’accrochant fermement pour enfouir le visage contre son épaule.

— Vous êtes revenu, murmura-t-elle. Vous êtes revenu, vous êtes revenu, vous êtes revenu…

— Hum, oui. Et… je vois que vous êtes une Fille-des-brumes. C’est très intéressant. Vous savez, c’est considéré comme une forme de politesse assez courante de dire ces choses-là à ses amis.

— Désolée, marmonna-t-elle en s’accrochant toujours à lui.

— Hum, d’accord, dit-il d’un air très distrait. Heu, Valette ? Qu’est-il arrivé à vos habits ?

— Ils sont là-bas, par terre, dit-elle en levant les yeux vers lui. Elend, comment m’avez-vous retrouvée ?

— Votre ami, un certain Maître Dockson, m’a dit qu’on vous avait capturée au palais. Et ce brave individu ici présent – le capitaine – Goradel, je crois – se trouve être un soldat du palais, qui connaissait le chemin. Avec son aide – et en tant que noble de haut rang – j’ai pu pénétrer dans le bâtiment sans beaucoup de mal, suite à quoi nous avons entendu des hurlements dans ce couloir… Et, ah oui, Valette ? Vous croyez que vous pourriez aller vous rhabiller ? C’est… quelque peu perturbant.

Elle lui sourit.

— Vous m’avez retrouvée.

— Pour ce que ça vous a apporté, répondit-il avec ironie. Il semblerait que vous n’ayez pas beaucoup eu besoin de notre aide…

— Aucune importance, répondit-elle. Vous êtes revenu. Personne n’était encore jamais revenu.

Elend baissa les yeux vers elle, fronçant légèrement les sourcils.

Sazed approcha, muni des habits et de la cape de Vin.

— Maîtresse, il faut que nous partions.

Elend hocha la tête.

— Aucun endroit n’est sûr en ville. Les skaa sont en train de se rebeller ! (Il s’interrompit en la regardant.) Mais, hum, vous le savez sans doute déjà.

Vin hocha la tête et le relâcha enfin.

— J’ai aidé à lancer cette rébellion. Mais vous avez raison au sujet du danger. Accompagnez Sazed – une grande partie des chefs des rebelles le connaissent. Ils ne vous feront aucun mal tant qu’il se porte garant de vous.

Elend et Sazed froncèrent tous deux les sourcils tandis que Vin enfilait son pantalon. Dans la poche, elle trouva la boucle d’oreille de sa mère. Elle l’enfila.

— Accompagner Sazed ? demanda Elend. Mais… et vous ?

Vin enfila sa chemise ample. Puis elle jeta un coup d’œil vers le haut… percevant sa présence au-dessus. Il était là. Trop puissant. À présent qu’elle l’avait affronté directement, elle était certaine de sa force. La rébellion skaa était vouée à l’échec tant qu’il vivrait.

— J’ai une autre tâche à accomplir, Elend, dit-elle en prenant la cape de brume à Sazed.

— Vous pensez être en mesure de le vaincre, Maîtresse ? demanda Sazed.

— Il faut que j’essaie, répondit-elle. Le Onzième Métal a fonctionné, Saze. J’ai vu… quelque chose. Kelsier était persuadé qu’il nous dévoilerait son secret.

— Mais… Le Seigneur Maître, Maîtresse…

— Kelsier est mort pour provoquer cette rébellion, répondit Vin d’une voix ferme. Je dois m’assurer de son succès. C’est mon rôle, Sazed. Kelsier ne savait pas ce que c’était, mais moi si. Je dois arrêter le Seigneur Maître.

— Le Seigneur Maître ? demanda Elend, stupéfait. Non, Valette. Il est immortel !

Vin tendit la main pour saisir la tête d’Elend et l’attirer vers elle afin de l’embrasser.

— Elend, votre famille livrait l’atium au Seigneur Maître. Savez-vous où il l’entrepose ?

— Oui, répondit-il, perplexe. Il conserve les billes dans un bâtiment à l’est d’ici. Mais…

— Il faut que vous vous procuriez cet atium, Elend. Le nouveau gouvernement aura besoin de cette fortune – et de cette puissance – s’il ne veut pas être renversé par le premier noble capable de lever une armée.

— Non, Valette, répondit Elend en secouant la tête. Je dois vous conduire en lieu sûr.

Elle lui sourit avant de se tourner vers Sazed. Le Terrisien hocha la tête.

— Vous n’allez pas me demander de partir ? demanda-t-elle.

— Non, répondit-il calmement. Je crains que vous n’ayez raison, Maîtresse. Si le Seigneur Maître n’est pas vaincu… Eh bien, je ne vais pas vous en empêcher. Je vais toutefois vous souhaiter bonne chance. Je viendrai vous aider une fois que j’aurai conduit le jeune Venture en lieu sûr.

Vin hocha la tête, souriant à un Elend inquiet, puis leva les yeux. En direction de la sombre puissance qui patientait en haut, dégageant des ondes de lassitude et de dépression.

Elle brûla du cuivre, repoussant l’Apaisement du Seigneur Maître.

— Valette…, commença Elend.

Elle se retourna vers lui.

— Ne vous en faites pas, dit-elle. Je crois que je sais comment le tuer.

L'empire ultime
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